Je t’ai longtemps cherché, parmi cent, parmi mille.
Un sourire a dû naître sur mes lèvres quand je t’ai vu pour la première fois, là devant moi, si droit, si fier, si pur et si perdu
aussi.
Tu étais bien entouré, pourtant.
Tu semblais m’attendre, quand même.
Je t’ai caressé du regard avant de poser le plat de ma main sur ton dos. Tu t’es tourné vers moi. A ton tour, tu m’as souri.
Tu t’es levé et nous sommes sortis, vite, si vite. J’avais tant envie de toi.
Contre moi, je te sentais chaud, rassurant. Je recevais la vie qui s’échappait de toi à grands flots. Ton cœur battait si fort que je
l’entendais hurler dans mon oreille et ton souffle coulait déjà dans mes veines.
J’ai couru avec toi, comme une folle vers la voiture et là, je me suis jetée sur toi.
Mes yeux n’en pouvaient plus. Ils te dévoraient.
Mes mains te caressaient, allaient et revenaient en des gestes rythmés sur ta peau fine, de haut en bas, et recommençaient sans
cesse.
Je mouillais mon doigt pour te pénétrer plus loin.
De ma bouche, même, je crois m’en souvenir, sont sortis des mots, ceux que tu me disais et que je répétais mécaniquement, subjuguée,
hypnotisée.
Je les disais et les redisais encore, plusieurs fois. J’ai dû les hurler peut-être.
Je mouillais mes lèvres desséchées par la fièvre et crispais mes doigts sur ton corps dévêtu.
Tes mots, encore tes mots, envahissaient ma tête.
Et puis soudain, tu t’es tu. Je supportais soudain ce silence en pleurant. Je t’attendais.
Et tu as recommencé, en murmurant cette fois, et je t’écoutais attentive, retenant ton corps entre mes cuisses ouvertes.
Oui, j’ai jouis de toi, là, dans cette voiture, toi qui ne le sauras jamais car tu n’es que papier, toi, mon livre, trop vite
dévoré.
Copyright © Arthémisia- février 2007