1695 - Le Soleil noir
Je ne partirai pas. La déception est grande.
Je resterai dans cet espace si riche, si lourd. A quai.
Et pourtant : j’y ai fondu, dans tes yeux. Je m’y suis laissée surprendre par l’ondée.
Aujourd’hui, quelle voix puis-je entendre ? Mon cœur même fait silence.
Tout est éteint.
Prenons soin de nous. Et de nos chers.
Il pleut un soleil noir.
© Arthémisia – juillet 2013-07-14
Avec : Odilon REDON – Le Soleil noir – 1900
Huile sur carton – Moma – New York
1694 - A(d)venir
Pouvons-nous atteindre la révélation dans l’obscurité et le silence ? L’invisibilité conduit-elle à l’épiphanie ?
Le compagnonnage, le partage, la séduction nous l’interdisent-ils ? Sont-ils des obstacles à notre avènement ? Faut-il le retrait pour (l’)être ?
© Arthémisia – juillet 2013
Avec : Eleven A.M. – Edward Hopper
1693 - Brèves de fin juin 2013
On n'a jamais l'âge d'attendre sans savoir.
© Max
L'enfance, l'endroit que je n'aurais jamais dû quitter.
1692 - De la couleur au fond des yeux
Il a apporté le bonheur. Il ne le savait même pas. C’est souvent comme ça. Les gens qui ont le bonheur dans leurs bras l’ignorent totalement. C’est probablement dû au fait qu’il les accompagne depuis tellement longtemps qu’ils s’y sont habitués, n’y prêtant pas plus attention qu’à leur respiration.
Il a posé le bonheur dans mes bras.
Et il est reparti.
Moi, je suis restée là, les bras encore sucrés, lumineux, colorés de ce bonheur. Et j’ai cru voir ce bonheur s’éloigner, rétrécir et puis s’éteindre au loin, derrière lui.
Mes bras sont devenus transparents, pesants.
Je les ai laissés retomber le long de mon corps.
Je vais m’asseoir à côté de moi-même. Cela va me permettre de me regarder. En vrai. Pas dans un miroir.
Je crois qu’il y a de la couleur au fond de mes yeux.
© Arthémisia – juin 2013
Avec : Anatomie de l’œil par al-Mutadibih – XIIIème siècle
1691 - Tu me jouais ça à l'harmonica
Bonne fête à tous les papas!
1690 - Blancheur entre blancheur
Une amande effilée glisse entre deux seins. Blancheur entre blancheur. Onde d’un arc invisible. Une biffure lumineuse strie le corps sacré. Un fil de soie. Seul parviendrait à fixer la lumière. D’un simple rai. Minuscules des perles lactées roulent. Goutte à goutte. Jusqu’à la conque secrète. Nacre luisante d’un réceptacle fendu. Dans le rebond des chairs.
© Jean – Claude VILLAIN – Ithaques – Edt Le Cormier 2011
Avec : Lucien Clergue - Nu de la Mer - 1934
1689 - Une Prune
Femme. Tu tends ta main vers le vide. Dans le vide. Tu suces encore le noyau. Prune.
Le temps tue.
© Arthémisia – juin 13
Avec : Antoine VOLLON (1833-1900) - Nature morte de poire et prunes -
1688 - Repos ? (2)
Nous n’aurons jamais de repos, le présent est perpétuel.
Bram Van Velde.
Avec : Bram Van VELDE – Le Crime d’une nuit – Lithographie - 1973
1687 - Au repos?
La nuit s’étale sur toi. Te bronze. Corps lourd. Souffle lourd. Ta main s’ouvre à plat, large, sur le drap. Ancrage dans le présent.
Blanc.
© Arthémisia – juin13
Avec : Emile OTHON- FRIESZ – Etude d’homme nu allongé