C'est toujours la nuit que ça se passe.
Le noir laisse toujours les couleurs s'exprimer. C'est gentil du noir. Ca permet. Ca libère. Ca laisse vivre. Ca
enfante.
Le noir c'est toujours un accouchement. Même dans le rêve. Même dans le sommeil.
L'horrible plafond a disparu. L'horrible papier peint aussi.
Même la rue ne fait plus de bruit.
La nuit, ne sent rien. Ou bien seulement nous, ce nous qu'on a étalé sur les draps à grands frottements de peau. Notre vieux
parfum.
La nuit est plate. Grand aigle. Ni portrait. Ni paysage. On n'y a plus de sens. Juste des
pensées.
Oh, d'abord ce ne sont que petits grains infimes. Des perles. Qui naissent on ne sait où, là-bas derrière, au fond.
Puis ça fond, ça s'étale, ça se liquéfie presque et nappe toute notre boîte crânienne. Est-ce bien dans le crâne ?
Pourtant c'est là que ça se passe, derrière notre œil, derrière notre rétine, même. Des images, sans support, qui flottent, qui s'emmêlent, qui oublient toute chronologie, toute censure. Un
bal.
Un bal qui coule dans nos bras, notre ventre, nos cuisses, et s'échappe faute de place, qui sort par nos yeux
pourtant clos, par notre bouche amollie par l'abandon, par nos pores, par tous nos orifices.
On n'a pas honte. Personne ne nous voit. Personne ne le sait. Personne ne le sent.
Nous sort de nous. A grands flots. Et c'est bon.
Comme la liberté.
Copyright © Arthémisia - mai 2009
Avec : CESAR -
Expansion rose